Gilles Cordonnier, un galeriste passionné
Gilles Cordonnier, 70 ans, se consacre au photojournalisme en accueillant dans sa galerie « Ecouter-Voir », le travail de jeunes photographes. Plus qu’une occupation, il cherche à défendre la photographie.
D’où vous est venue l’idée d’ouvrir cette galerie ?
« Je vous avoue que c’est d’abord par égoïsme que j’ai ouvert cette galerie il y a onze ans (il fait cet aveux avec un sourire en coin). Cinq ans avant ma retraite, j’ai songé à un projet que je pourrais mener personnellement et qui serait assez important à mes yeux pour que je m’y investisse. »
Vous auriez pu ouvrir une galerie pour exposer des tableaux de peintres par exemple. Pourquoi la photo précisément ?
« La photo est une passion familiale. Mon grand-père et mon père s’étaient tous les deux mis à la photographie. Pour ma part, j’ai été nourri par les images et par la lecture d’hebdomadaire tel que Paris Match qui privilégie les reportages photos. La photo s’est imposée comme une évidence.
Cette discipline tend à disparaître et elle n’est plus appréciée à sa juste valeur. Aujourd’hui tout le monde peut prendre de belles photos avec les avancées technologiques et l’arrivée des appareils numériques. Ce que je cherche à mettre en avant c’est l’histoire que raconte une série de photos. Je considère que la photo est le premier témoin d’un événement.
Je voulais également me démarquer des autres galeries qui sont consacrées à « l’art pour l’art » si je peux dire. La galerie Ecouter-Voir a sa spécificité : le photojournalisme qui est au service d’un message, et non pas seulement au service de l’esthétisme.
Je voulais également donner la possibilité à de jeunes talents de s’exprimer. Je leur offre un lieu où exposer leur travail sans rien demander en retour. Je ne fais pas ça pour l’argent. Ecouter-Voir c’est d’abord une association.
Et il arrive parfois que nous produisions nous-mêmes nos expositions comme ce sera le cas en juillet prochain. »
Vous pouvez en dire plus sur cette prochaine exposition ?
« Cette exposition aura lieu au centre culturel André Malraux. Elle sera composée de près de 200 photos. C’est la ville de Nancy qui a fait appel à la galerie Ecouter-Voir. Avec les quatre autres membres de l’association, c’est à nous de prendre des photos qui répondent à la problématique « Ville en vies : est-ce ainsi que nous vivons en ville ? »
Je n’ai pas vraiment de détails à vous donner pour l’instant car notre travail vient à peine de commencer. Avec mes collègues, nous sommes désormais à l’affût des moindres choses qui se déroulent dans les rues. Nous songeons à ce qui pourrait composer notre exposition. J’ai déjà moi-même pris quelques clichés et je peux dire que j’ai été confronté à des situations assez insolites voire loufoque ! Reste à voir ce que ça donnera en juillet. »
Victoria KAREL